Les débats sur l'identité nationale ont été mouvementés, lundi soir 14 décembre 2009, à Bayonne et à Toulouse.
A Bayonne, à la préfecture, une dizaine de militants autonomistes basques ont bruyamment interrompu un débat qu'ils ont qualifié de "raciste". Un jeune homme qui s'est présenté comme "un étudiant" a demandé la parole et a lu un texte contre la tenue même de ce débat "à caractère raciste". "Ce débat est une manipulation subjective et idéologique !", a-t-il lancé dans le brouhaha des protestations de la salle, dénonçant "la recherche d'un profil type de parfait Français, un scandale de xénophobie qui renvoie à l'Allemagne des années trente".
Une petite dizaine de militants se sont alors levés devant la tribune, lançant des slogans indépendantistes basques et brandissant des pancartes portant l'inscription : "Ici on n'est pas raciste, pas en France, on est au Pays basque !". Après quelques minutes de manifestation, les militants ont tous quitté la salle et le débat a pu reprendre son cours.Quelques heures plus tôt lundi, le parti indépendantiste basque radical Batasuna avait dénoncé les "relents nauséabonds" du débat sur l'identité nationale. "Le questionnement existentiel en cours dans l'Etat français n'augure rien de bon pour la nation basque", a souligné ce parti autorisé en France, mais interdit en Espagne en raison de ses liens supposés avec ETA.
A Toulouse, le débat sur l'identité nationale a débuté dans la confusion et avec une demi-heure de retard. Une centaine de personnes sans invitation se sont vues refuser l'entrée à l'université de sciences sociales (UT1), "Toulouse Capitole". En revanche, 150 personnes dûment invitées ont pris place dans un amphithéâtre de 600 places.
Des étudiants sans invitation ont été priés de sortir, tandis que des invités, quittaient aussi la salle en guise de protestation en dénonçant "l'atteinte à la liberté d'expression", l'un d'entre eux brandissant un drapeau occitan.
Le préfet Dominique Bur a expliqué dans le brouhaha qu'il fallait que le débat ait lieu "dans la sérénité", tandis qu'on lui lançait "vous voulez un débat public sans contradiction!".
A l'extérieur des étudiants, certains venus de l'université de Toulouse le Mirail, scandaient: "Nos identités ne sont pas nationales" ou "ni expulsion, ni rétention, régularisation des sans-papiers!".
Selon la police, qui évaluait l'affluence à 150 personnes à l'intérieur et 100 dehors, le gros des opposants étaient des "militants d'extrême gauche ou de la CNT (anarchiste)".
Parmi les refoulés, un couple d'étudiants ne condamnait pas la police en déclarant: "On ne pouvait pas laisser entrer les anarchistes".
A l'inverse, Elodie, responsable de l'Unef à UT1 et vice-présidente de l'université, déplorait avoir été obligée de sortir, tout en déclarant: "Ce débat n'a pas lieu d'être, ce pays a toujours été un pays d'immigrés et aujourd'hui on veut stigmatiser certains pays d'origine".
Les protestataires ont quitté les lieux peu après 19h, laissant le débat se poursuivre.
Dans les Vosges, un débat auquel participait la secrétaire d'Etat Nadine Morano a lui aussi été perturbé par une cinquantaine de militants du NPA, du Parti de gauche et des Verts. Ces militants protestaient contre l'organisation de ce débat à Charmes, la ville natale de l'écrivain nationaliste et antidreyfusard Maurice Barrès.
Lors de ce débat, Nadine Morano a indiqué sans sourciller: "Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers".
Soirée calme à Vannes, dans le Morbihan. Il est vrai que le débat n'y a rassemblé qu'une quarantaine de personnes, dont de nombreux officiels, selon Le Télégramme. Là aussi, le débat a porté sur l'islam, un médecin à la retraite affirmant que le Coran "est incompatible avec la loi républicaine laïque".
Sources Nouvel Observateur
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