LE SECRETAIRE d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a tiré à boulets rouges, hier, sur les constructeurs automobiles. Une « sortie » qui intervient au lendemain de la confirmation par Renault de son plan de départs volontaires de 3 000 salariés .
« Il est hors de question de laisser des grands groupes comme Renault, qui ont des moyens, détruire des emplois dans des territoires français sur lesquels on a du mal à recréer des emplois et, en plus de ça, aller les transférer dans des pays comme la Roumanie, la Turquie ou la Chine », a asséné sur RTL le secrétaire d'Etat, qui compte parmi les très proches de Nicolas Sarkozy. « Il faut faire payer leurs responsabilités aux grands groupes, qui doivent assumer, et ne pas chercher à s'enfermer dans une logique défensive comme on l'a trop souvent fait dans les années 1980 pour aller chercher les emplois de demain », a ajouté Laurent Wauquiez.
Surprise des professionnels Visiblement interloqué, le Medef s'est refusé à tout commentaire. Un silence tout juste rompu, hier, par les constructeurs automobiles, qui ne cachaient pas leur surprise devant la violence de la charge.
« Dans un contexte difficile pour notre industrie, ce type de sortie n'est vraiment pas opportun », explique un industriel. D'autant que les constructeurs estiment n'avoir pas grand-chose à se reprocher.
« Actionnaire de Renault, l'Etat est au courant du plan de départs volontaires depuis le 23 juillet, date du dernier conseil d'administration », souligne un porte-parole de la marque au losange. Sous-entendu : jouer la surprise est, de la part du gouvernement, peu crédible. Et d'ajouter : « Nous avons créé 29 000 emplois en France entre 1999 et 2007. Aujourd'hui, nous employons dans l'Hexagone 63 000 salariés sur 12 sites de production. » Autrement dit : l'emploi n'est pas si mal traité par Renault que d'aucuns l'affirment.
Quant au plan de départs volontaires, le groupe ne voit pas de différence entre ce qui a été mis en place et ce qui est réclamé par le gouvernement… Même son de cloche chez PSA. « Nous nous sentons d'autant moins concernés que le plan de départs volontaires de 2007 avait été signé par la quasi-totalité des syndicats et comprenait de nombreuses mesures de reclassement », réagit l'un des porte-parole. Avant d'enfoncer le clou : « Grâce au développement en Chine des activités du groupe, ce dernier a pu créer quelque 5 000 emplois en Europe. »
C'est du côté de la gauche que l'ironie s'est faite la plus mordante. « Franchement, je ne comprends pas bien ce que veut M. Wauquiez. Et je ne vois aucune mesure concrète. Cette déclaration forte me paraît en réalité accoucher d'une souris, a réagi le député (PS) du Doubs, Pierre Moscovici. Je partage son souci d'une industrie automobile forte et créatrice d'emplois. Mais il faut insister sur le fait que, si certaines usines souffrent des faibles ventes de leurs modèles, d'autres s'en sortent particulièrement bien. C'est le cas notamment de l'usine PSA de Sochaux, qui a prévu de recruter d'ici à la fin de l'année plus de 1 000 personnes en CDD et 400 en CDI. »
Le Parisien
Cet article a été publié dans la rubrique Economie
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